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samedi 15 novembre 2014

Les échelles d’évaluation des mécanismes de défense


Les mécanismes de défenses font partis des concepts fondamentaux de la psychanalyse.
Dans l’oeuvre de Freud il y a une dizaine de procédés psychologique dont se sert le Moi dans les conflits susceptibles d’aboutir a une névrose.
Pour Laplanche et Pontalis le procédé des MdD est de réduire voire supprimer l’ensemble des modification susceptibles de mettre en danger l’intégralité et la consistance de l’individu.
Il existe de nombreuses définitions correspondant à des conceptions de cette notion et qui sont parfois forts éloignées les unes des autres.


Ionescu (1997)  retient 9 définitions, dont une générale :

«  Les MdD sont des processus psychique inconscient visant à réduire ou annuler les effets désagréables réelles ou imaginaires en remaniant les réalités et dont les manifestations (comportement, idées, affects) peuvent être inconscient ou conscient. »
Cette définition met l’accent sur l’origine inconscient des défenses susceptibles de donner lieu à des dérivées conscientes qui peuvent être évaluée cliniquement.
Indispensables lors de la construction du Moi, les défenses sont considérées comme faisant parti intégrante du développement psychologique normal.
Dans certaines conditions morbide, certain mécanismes de défenses sont susceptibles de devenir pathologiques, ils peuvent être pathogène de part leur nature même ou par leur mode pathologique de leur utilisation. C’est le cas de défenses rigides partiellement ou rigoureusement inefficaces. Il s’agit d’un fonctionnement psychique entravé dans sa souplesse, harmonie et adaptation.

La définition retenue par le DSM IV parait moins spécifique que celle proposée par la plus part des psychanalystes. Les MdD sont assimilées au style de coping, cad à la capacité d’ajustement. Ce sont des processus psychique, automatiques qui protégent l’individu de l’anxiété ou de la perception de danger, ou encore de facteur de stress intérieur ou extérieur.
Dans cette conception les MdD sont présentés comme opérant une médiation entre la réaction de l’individu du conflit émotionnel et les facteurs de stress internes et externes

Dans la littérature, le nombre de MdD varie selon les auteurs : Anna Freud distingue 10 mécanismes, Bergeret en distingue 25, Laplanche et Pentalis en distinguent 26 et le DSM IV 31. Cette fluctuation du nombre ne va pas sans poser le problème du sens précis donner au concept.

1. Classification des défenses :
La classification associée au développement des échelles et questionnaires portant sur les fonctionnements défensif a classé les MdD selon leur caractère adaptatif ou à l’inverse selon leurs valeurs pathogènes et leurs conséquences néfastes sur l’adaptation.
Les principales classifications sont celles de : G.EVaillant ; M.P Bond ; J.C Perry.
Le DSM IV et le DSM IV-R propose une classification dérivée de celle de G.E vaillant et J.C Perry.
Le modèle hiérarchique de Vaillant est celui qui a eu l’impact le plus important il contient 4 MdD :

- Défense psychotique : englobe la projection délirante, le déni psychotique et la distorsion.
- Défense immature : regroupe le passage à l’acte, la projection, la fantaisie schizoïde, hypocondrie, réaction passive agressive, et la dissociation.
- Défense névrotique : refoulement, déplacement, formation réactionnelle, intellectualisation.
- Défense mature : altruisme, sublimation, humour, anticipation.

La classification de Perry a été reprise dans le DSM IV qui a ajouté 3 défenses psychotiques :
- Projection délirante 
- Le délire psychotique           
- La distorsion psychotique

Le regroupement des défenses obsessionnelles et des autres défenses névrotiques permet de maintenir une classification à 7 niveaux :
- Niveau adaptatif élevé : caractérisé par l’utilisation préférentielle de défense comme l’anticipation, capacité de recours à autrui ou affiliation, affirmation de soi ou accessibilité, sublimation et la répression.
- Niveau inhibition mentale : utilisation répétée de dissociation, isolation de l’affect, formation réactionnelle, refoulement, et annulation rétroactive.
- Niveau de distorsion mineure de l’image : emploie de dépréciation, idéalisation et omnipotence
- Niveau de désaveux : déni, projection, rationalisation

Les questionnaires et les tests sont faciles et rapides à utiliser, cependant il semble évaluer que les défenses accessibles à la conscience.

Echelle Life Style Index (LSI) de Plut Chik
97 items qui constituants 8 échelles de regroupement défensif, qui résultent des données empiriques et théoriques.
-Echelle de compensation « dans mes rêves je suis tout le temps le centre d’attention »
- Echelle de déni « je n’ai aucun préjugé »
- Echelle de déplacement « si quelqu’un me dérange je ne lui dit pas mais je me plains a quelqu’un d’autre »
- Echelle de sublimation, annulation et rationalisation  « il met plus difficile de parler de mes pensées que de mes sentiments. »
- Echelle de projection « je pense que les gens vont profiter de vous si vous ne faites pas attention. »
- Echelle de formation réactionnelle « la pornographie est dégoûtante. »
- Echelle de régression « je deviens irritable quand on ne s’occupe pas de moi »
- Echelle de refoulement, isolation et introversion « je me rappelle rarement de mes rêves »
Les sujets répondent par oui ou non ce qui permet d’obtenir un score à chaque sous échelle.

Inventaire de l’organisation de la Personnalité (IPO) de Kernberg et Clarkin (1995)
3 sous échelles qui évaluent l’épreuve de la réalité, de la défense primitive et la diffusion de l’identification.
L’échelle de la défense primitive a 16 items.
Ex avec le clivage « les gens sont au fond bon ou mauvais et très peu entre les 2 »

Defense Mecanism Inventory (DMI) de Clescer et Thilevich (1969)

Basée sur l’étude des réponses de 352 élèves à 3 histoires conflictuelles.
Il y a 5 catégories :
- Se tourner contre l’objet : attaque excessive et inappropriée contre la source réelle ou supposée du danger perçu
- Projection : réponse a des conflits ou menace
- Jouer sur les principes : défense comme intellectualisation, rationalisation
- Se tourner contre soi : colère ou hostilité excessive et injustifié à l’égard de soi
- Renversement : minimisation de l’importance des conflit et menace, inclus le déni et refoulement
Les auteurs ont élaboré un système pour transformer en 1 profil les scores obtenus aux 5 regroupements défensifs.

Defense Style questionnair (DSQ) de M.P Bond
On demande au sujet de quantifier son degré d’accord ou de désaccord par rapport à 88 propositions qui représentent les dérivées conscientes des défenses.

Andrews et coll. (1993) ont développé une forme abrégée de ce test comprenant 40 items et explorant les dérivées conscientes de 20 défenses.
L’analyse en composante principale appliquée aux items de l’échelle a donné lieu à 4 facteurs qui représentent 4 styles de défenses :
- Ensembles des réactions mal adaptatives dont peuvent témoigner le passage à l’acte, les réactions passives, agressives, l’inhibition, projection et régression.
- Distorsion de l’image de soi et de l’objet, regroupement omnipotence, dépréciation, idéalisation primitive, clivage
- Style de sacrifice de soi, englobe le pseudo altruisme, formation réactionnelle
- Divers mécanismes adaptatifs et mature tel que l’humour et la sublimation.

Echelle de fonctionnement défensif du DSM4 inspiré de Bond et Vaillant
Il propose des définitions opérationnelles, claires et concises des MdD qui sont divisés en 7 niveaux :
- Niveau adaptatif élevé : mécanisme qui se rapproche du coping tel que l’anticipation, l’affiliation, l’affirmation de soi et la sublimation
- Inhibition mentale : défense qui maintiennent hors de la conscience des idées, des sentiments, souvenir désir, crainte potentiellement menaçant (déplacement, isolation, des affects, refoulement)
- Distorsion mineure de l’image de soi, du corps ou des autres : défenses narcissique tel que la dépréciation, idéalisation
- Désaveu : facteur de stress, impulsion, idées, sentiments sont attribuées a des causes externes.
- Distorsion majeure de l’image : rêverie autistique, identité projective
- Disrégulation défensive : échec de la régulation défensive donc rupture avec la réalité objective. Projection délirante, déni, distorsion psychotique.
- Agir (passage a l’acte) : défense par l’agir ou le retrait : passage a l’acte, retrait apathique, agression passive.


2 - Test projectif et mesure des mécanismes de défense
L’école française de Rorschach représente par Chabert, a défendu l’évaluation des MdD par l’analyse des protocoles de Rorschach.

Rorschach Défens skale (RDS)
15 mécanismes de défenses allant de la fonction névrotique au fonctionnement psychotique.
Dans chaque type de défense, les MdD sont décrites par 15 manifestations :
- Isolation                                                    
- Intellectualisation                                      
- Formation réactionnelle                             
- Rationalisation                                          
- Dépréciation                                               
- idéalisation primitive
- identification projective
- clivage
- omnipotence
- Refoulement                                               
- Projection
- au moins 4 types de déni
La cotation utilise le contenu verbal et des aspects des réponses formelles et de la relation patient examinateur
Avantage : la méthode de cotation est indépendante des variables liées aux interventions ou jugement de l’évaluateur
Inconvénient : nécessité de travailler avec des experts juge entraînés à cette méthode.

Echelle de défense(LDS)  de Lerner et Lerner
Elaboré pour identifier la structure défensive de la personnalité limite ; elle est basée sur la conception de Kernberg qui a identifié 2 niveaux d’organisation défensives qui sont associé avec les pathologies pre-oedipienne et oedipienne.
L’organisation défensive primitive est centrée sur le clivage responsable de l’incapacité du moi à intégrer les représentations de soi et de l’objet bon et mauvais.
La LDS a été élaboré pour mesurer les défenses primitives (Kernberg) comme le clivage, le déni primitif, dépréciation, idéalisation primitive, identification projective.
En accord avec les concepts de Kernberg la forme perçue, la façon dont elle est décrite et l’action qui lui est attribuée sont prise en compte.


Defense mecanism profile (DMP) de Johnson

Test projectif auto administré constitué de phrase à compléter
40 phrases comme «  quand je suis vraiment inquiet, je … » ou « quand je me trouve avec quelqu’un qui ne m’aime pas, je... »
un manuel de la cotation précise les procédures de cotation et d’administration, fournit des critères spécifiques pour chaque mécanismes de défenses ; La cotation de cette échelle à l’aide du manuel, nécessite un apprentissage qui permet d’obtenir un degrés satisfaisant d’accord inter juge.

Manuel des MdD (DMM) pour le TAT de Cramer (1991)
Le DMM de Cramer a été élaboré pour mesurer 3 types de défense a partir de réponse du TAT.
3 types de défenses :
- Le déni
- Projection
- Identification
Chacune des défenses peuvent être coté selon une échelle de 7 niveaux :
Par exemple pour le déni :
- omission d’une personnes ou objet important
- perception fausse                             
- renversement
- affirmation de négation
- déni de la réalité
- maximisation du positif ou minimisation du négatif
- optimisme et bienveillance

Ces hiérarchies de niveau ont été établit par une réflexion clinique et ne sont pas issu d’un travail empirique
Elles n’ont donc pas été validées empiriquement a posteriori.



dimanche 9 novembre 2014

Angoisses et pulsions





Dans la conception psychanalytique, l'individu est soumis à deux types d'excitations, certaines discontinues, qui s'apparentent à des stimuli et dont on peut se soustraire par la fuite, et d'autres endogènes, continues : il est impossible de leur fuir, leur satisfaction est la seule possibilité pour qu'elles disparaissent. Ce type d'excitation est appelé pulsion. Les pulsions génèrent des tensions au sein de l'appareil psychique. Si de nombreuses pulsions restent inassouvies, elle peuvent générer un état global d'angoisse.

Théorie des pulsions

Elles prennent leur origine dans le ça, et se caractérisent par :
  • La poussée : c'est l'énergie psychique de la pulsion.
  • La source : elle peut être somatique (par exemple, quand le bébé a faim) ou psychique (l'envie de succion alors même qu'il n'a pas faim), et évolue en fonction des stades de développement.
  • Le but : c'est toujours (directement) la satisfaction, et donc le niveau d'excitation le plus bas, c'est aussi (indirectement) l'action par laquelle on va obtenir satisfaction.
  • L'objet : c'est ce par quoi ou en quoi la pulsion va atteindre son but. L'objet peut être concret et réel, ou interne au sujet (dans le cas des fantasmes). L'objet qui a procuré satisfaction est recherché en priorité, de préférence. Cet objet est investi affectivement, émotionnellement.
Première théorie des pulsions

Globalement, Freud oppose les pulsions sexuelles comme la pulsion orale, qui visent la sauvegarde de l'espèce (elles sont dues au ça), et les pulsions d'auto conservation, comme le besoin de faim, qui visent la survie de l'individu (elles sont dues au Moi). Ces pulsions vont entrer en conflit, que le Moi va s'employer à gérer au mieux.

Dans la théorie psychanalytique, le bébé au début de sa vie ne reconnaît pas sa mère comme étant une entité extérieure, sucer le sein ou son pouce est pour lui une activité auto-érotique de même nature. Lors de cette première étape du développement auto-érotique, le bébé investit son Moi : cela signe, selon Freud, la naissance du Narcissisme primaire (phase narcissique). C'est aussi le premier stade de développement de ce qui deviendra plus tard l'estime de soi.

Si ces deux types de pulsions prennent une grande importance en théorie psychanalytique, Freud se rend compte par la suite qu'elle ne suffisent pas à décrire l'ensemble des comportements, et notamment, lors de phases de deuil et de mélancolie, quand le patient semble perdre son instinct d'auto-conservation, ou en phase dépressive, lorsqu'il semble perdre toute attirance pour la sexualité.

Deuxième théorie des pulsions

Ainsi, dans une période négative, on se rend compte que les mêmes individus retombent souvent dans les mêmes problèmes, phénomène que l'on appelle "compulsion de répétition". Freud en déduit la présence de pulsions négatives, autodestructrices. Il élabore donc une seconde théorie par laquelle il avance l'idée de l'opposition entre les pulsions de mort (Thanatos) qui visent la satisfaction totale et définitive de toutes les pulsions, et les pulsions de vie (Eros, l'ensemble des pulsions de la 1ère théorie des pulsions) dont le but est favorable à l'avancée de la vie.

Destin des pulsions

Lorsque leur décharge n'est pas possible, il y a 4 destins principaux pour les pulsions :
  1. Le refoulement dans le ça, mécanisme de censure coûteux en énergie psychique, et d'autant plus que de l'énergie supplémentaire est nécessaire pour maintenir le refoulé dans l'inconscient. La défense de l'intégrité psychique vise la poussée de la pulsion et empêche son accès à la conscience. Souvent, des manifestations de celui-ci apparaissent plus tard sous la forme de symptômes et troubles. 
  2. Le renversement dans le contraire, c'est cette fois le but de la pulsion qui est visé, en inversant l'objectif ou le mode d'action qui satisfait normalement la pulsion : actif devient passif, par exemple, lorsque le voyeurisme devient exhibitionnisme. 
  3. Le retournement sur la personne propre. Le but reste le même, mais l'objet change. 
  4. La sublimation : souvent concernant les pulsions sexuelles, il y a déplacement de l'objet dans une connotation autre : la pulsion sexuelle donne naissance à un comportement qui ne vise plus la satisfaction sexuelle, mais une autre sorte de satisfaction, généralement de grande valeur pour l'individu ou la société. La sublimation donne naissance aux activités créatrices, artistiques, aux passions pour un hobby, pour son travail, pour des objets, etc… qui sont socialement plus valorisées.
Les pulsions et leur satisfaction constituent le parcours normal du psychisme humain, en lien notamment, avec la sauvegarde de l'individu et de l'espèce, motivation héritée de nos gènes à travers l'évolution. On parle de pathologie lorsqu'un de ces mécanismes est exclusif, prend une part trop importante dans la vie psychique, ou engendre de la souffrance sur une période suffisamment longue.

Ainsi, si des pulsions restent inassouvies et provoquent des conflits ou un mal-être psychique, ce phénomène peut parfaitement être géré par tout un chacun, et faire partie d'une évolution relativement normale de l'individu. Quand de nombreuses pulsions restent inassouvies, le mal-être peut néanmoins perdurer dans le temps et se transformer en véritable angoisse.

Théorie de l'angoisse

Freud va tenter de traiter ce concept d'angoisse au cours de deux périodes se succédant.

Dans une première théorie, l'angoisse naît s'il y a accumulation de pulsions qui ne peuvent être satisfaites, par exemple, de nombreux refoulements, jusqu'à parfois assister à des retours du refoulé (des pulsions refoulées génèrent tant d'énergie et d'intensité de conflit qu'elles finissent par accéder à la conscience sous une forme détournée, par exemple, symptomatique). La quantité d'énergie génère une angoisse dont l'intensité lui est proportionnelle. Si l'angoisse est peu intense, on parlera simplement d'anxiété, de tensions non-libérées. 

Le prototype de l'angoisse est l'absence de la mère : l'un des premiers objets extérieurs investis, source de satisfaction de pulsion, et dont l'absence ne permet donc plus de satisfaction. C'est l'une des premières expérience de frustration, générant par anticipation, de l'angoisse.

Dans les années 20, Freud aménage sa théorie : l'angoisse devient une activité du Moi du sujet qui met en place un signal avertissant d'une accumulation de tensions, avec risque de trop plein. Cet avertissement permettra au Moi de mettre en place des défenses.

HYSTÉRIE et MALADIE HYSTÉRIQUE

"Hystérie: névrose s'exprimant en public par des symptômes physiques tels que paralysie, convulsion, pertes du toucher, de la vue, de l'ouie... etc.
Longtemps incomprise, la pathologie hystérique fut étudiée et décrite par le neurologue français Jean Martin Charcot (1825-1893). Elle fut théorisée par son élève Sigmund Freud (1856-1939).
N'ayant pas de base organique décelable, les symptômes corporels des périodes de crise indiquent l'origine psychique de la maladie. Les manifestations hystériques sont l'expression singulière et actuelle de conflits inconscients qui résultent du refoulement durant l'enfance d'affects interdits. Porteurs de sens, les symptômes de l'hystérie sont accessibles à l'interprétation."

APPROCHE PSYCHANALYTIQUE

COMPARAISON, DIFFÉRENCES ET PARTICULARITÉS DE LA NÉVROSE
Les principaux symptômes et éléments distinctifs


·  Introduction comparative

Les trois premières années après la naissance se passent relativement bien. Au moment de l'œdipe, il y a un conflit entre désir et défense (ou refoulement) qui n'est pas résolu, pré-structurant le Moi de manière névrotique. La période de latence se passe sans difficultés apparentes. Les expériences pubertaires vont permettre l'éclosion du Moi névrotique, ou le réparer si besoin est.

On compte dans les névroses : l'hystérie, la névrose obsessionnelle, la phobie, la névrose d'angoisse, la névrose traumatique, et la névrose de caractère. Le névrosé ("individu qui s'est construit un système de relations à l'Autre de type névrotique") a connu l'œdipe mais cela n'a pas été résolu. Le but de la névrose est d'éviter l'angoisse soit par reconversion somatique, soit par adoption de rites obsessionnels.


CARACTÉRISTIQUES ET ASPECTS PARTICULIERS DE LA PATHOLOGIE NÉVROTIQUE
Traits comparatifs, distinction et particularismes


·  Définition comparée de la névrose

Dans les névroses, le Moi, arbitre, prend le parti du Surmoi pour combattre les pulsions du Ça, en contrôlant ou interdisant tout plaisir. Le névrosé a conscience de sa maladie. Les processus psychiques sont de type secondaire.

La névrose se différencie de la psychose sur ces trois notions :
il y a la conscience de la morbidité des troubles,
il n'y a pas la perte du sens de la réalité,
il n'y a pas de confusion entre réalité extérieure et réalité intérieure.
Chez l'enfant

Selon la théorie psychanalytique (ou freudienne), les symptômes ont un sens latent lié à la sexualité infantile. Le petit enfant accède à l'organisation Oedipienne en étant confronté à l'ambivalence "Haine/Amour", avec pour enjeu la castration imaginaire: il est alors ici question de punition d'un sentiment amoureux envers l'un des parents, et d'agressivité envers l'autre parent.

Avant la confrontation puis la résolution de l'Oedipe, les pulsions de l'enfant ne sont ni refoulées, ni sublimées: on parle de pulsions partielles (sadisme, voyeurisme, masochisme...) et la sexualité infantile s'exprime alors dans une perversion polymorphe. Ce qui revient à dire que sa jouissance se fixe sur un Objet imaginaire, erratique, en lieu et place de la fonction phallique symbolique qui, après l'Oedipe, organisera le désir sous le coup d'une castration (imaginaire puis symbolique) et d'un manque. En fait, l'enfant ne recherche pas le plaisir dans des relations avec un partenaire de sexe opposé et d'âge équivalent.

"La perversion est la prédisposition originelle et universelle de la pulsion sexuelle." Sigmund Freud.

Mais l'enfant peut aussi fixer une de ces pulsions partielles, renvoyant la libido à un point de fixation prégénital. S'il n'y avait pas de refoulement œdipien, la libido continuerait à s'exprimer sous forme de perversion sexuelle. Ainsi selon Sigmund Freud, la névrose est le contre-pied de la perversion. Le refoulement primaire forme un noyau (primaire lui aussi) qui attirera les refoulements secondaires, tandis qu'à l'opposé grandira le Surmoi.

La névrose, en tant que pathologie pédopsychiatrique, présente chez l'enfant des aspects parcellaires, variables. Cela rend floues les limites entre le "normal" (inhérent à l'évolution vers une sexualité adulte) et le "pathologique" (notion de souffrance importante, et de cristallisation du comportement). Le diagnostic de névrose infantile sera donc toujours délicat à poser. Il devra être remis en question régulièrement, en tenant compte de l'évolution de l'enfant et en adaptant au mieux le projet de soin pédopsychiatrique.

Chez l'adulte

Dans l'expression d'une névrose adulte, les symptômes peuvent être vus comme des compromis entre la pulsion et l'interdit. Ce n'est qu'après coup, et sous l'effet de la poussée pulsionnelle de la puberté, que la valeur traumatique se réveille. On parle ici d'un retour du refoulé. La valeur traumatique concerne des traumatismes réels ou imaginaires. Pour se mettre à distance de l'angoisse, le Moi utilisera plusieurs mécanismes de défense.

Le refoulement est le fondateur de l'inconscient. La névrose apparaît parce que les défenses utilisées sont inadaptées. Mais en créant par exemple un Objet de la situation phobogène (la phobie des chiens, des araignées, ou des espaces clos...), l'angoisse est actualisée, extériorisée, alors que jusque-là elle était cachée. De plus elle est nommée et circonscrite, permettant au sujet de la contourner (sens réel et symbolique).

En résumé
Nous avons vu que dans les névroses, le Moi en tant qu'arbitre a pris le parti du Surmoi pour combattre les pulsions du ça. Dans les psychoses, le Moi prendra au contraire le parti du ça pour détruire la réalité du Surmoi. Il la remplacera alors par une néo-réalité que l'on nomme "délire". Ce délire sera bâti sur les exigences du ça. La personne psychotique n'aura pas conscience de sa maladie. Les processus psychiques seront de type primaire.
La notion d'état limite est venue pour caractériser toutes ces pathologies que l'on ne savait pas où placer. Le terme renferme tous les comportements répétitifs et morbides (perversion, caractériels...) qui permettent d'éviter d'assumer une dépression. L'adulte état limite n'accepte pas l'idée d'être atteint dans son intégrité.

 PATHOLOGIE ENFANT

NÉVROSE INFANTILE   ET
ORGANISATION NÉVROTIQUE



INTRODUCTION

Il faut bien noter l'extrême plasticité des symptômes de l'enfant, plasticité due au remaniement constant de la croissance. La pathologie névrotique présente donc chez lui des aspects parcellaires et variables, rendant floues les limites entre "normalité" (inhérent à l'évolution habituelle vers une sexualité adulte) et "anormalité" (notion de souffrance importante, et cristallisation du comportement).

A ce propos, il est intéressant de distinguer 4 degrés dans l'approche conceptuelle des névroses infantiles, et allant du moins au plus pathologique.
Immixtion dans le développement : ce sont des carences à un âge où le Moi n'est pas assez développé, mais créant des situations de nature à empêcher son développement harmonieux. Ces carences laissent parfois des points de fixation faisant craindre de futurs conflits névrotiques.
Conflits de développement : inévitables, ces conflits peuvent ne laisser aucune trace ou alors s'inscrire de manière pathologique en prémices d'une névrose constituée.
Conflit névrotique : c'est un conflit interne entre le ça, le Moi et le Surmoi. Le développement psychologique ne le fera pas disparaître.
Névrose de l'enfant : c'est une tentative psychique pour faire entrer dans une seule structure tous les conflits névrotiques précédents.

Si l'accession à une forme d'organisation névrotique est inévitable dans le développement de l'enfant -on parle alors de "névrose infantile"-, certaines structures inhibent complètement et empêchent l'évolution psychique -on parlera cette fois de "névrose de l'enfant"-. 

La névrose proprement dite est due à l'impact de processus psychotiques précoces. Le symptôme névrotique a valeur de symbole et de compromis. Avant la période de latence, on parle de conflictualisation prégénitale (pré-névrose ou pré-psychose). Chez l'adolescent, l'après-coup et la ré-élaboration fantasmatique permettent souvent la remise en place d'une organisation névrotique plus (ou mieux) adaptée. 


PSYCHOPATHOLOGIE DES CONDUITES NÉVROTIQUES

Le concept de "névrose infantile" est une reconstruction théorique adaptée à l'enfant d'une structure névrotique déjà théorisée chez l' adulte. La névrose de l'enfant est-elle identique à celle de l'adulte? Il est difficile de distinguer les différentes névroses chez les enfants mais néanmoins on remarquera des conduites pathologiques variables en fonction de la croissance et des interactions avec l'environnement. Il faudra veiller à ne pas se servir des reconstructions de Freud sur la névrose infantile, qui est un modèle méta-psychologique, un modèle qui explique la névrose de l'adulte mais qui n'est pas une réalité clinique que l'on peut observer chez l'enfant.

On pourra aborder le sujet de deux manières: soit par la conduite pathologique (à travers les symptômes), soit par l'organisation psychique (à travers la structure sous-jacente). La façon dont l'enfant exprime sa souffrance interne est très différente de celle de l'adulte. Les plaintes sont souvent centrées sur le corps, et sa souffrance s'exprimera par un comportement "gênant" ou bien silencieux.

Mais à la base de toute conduite névrotique il y a d'abord l'angoisse.


Angoisse et anxiété

L'anxiété se définit comme une affect pénible avec attente d'un événement imprévu vécu comme désagréable. L'angoisse est une peur sans objet souvent accompagnée de manifestations somatiques. La peur est liée à un objet ou à une situation précise qui a déjà été vécue, de façon réelle ou imaginaire. La conduite pathologique sera, pour l'enfant, une manière de lui éviter cette angoisse. Quand la tension est menaçante, l'angoisse se déclenche et les manifestations cliniques en sont variables. L'angoisse survient quand l'équipement maturatif est défaillant ou inexpérimenté.

- Manifestations préverbales (du nourrisson) : l'angoisse se manifeste par des cris et de grandes décharges motrices, par des caprices, des refus, de l'hostilité envers la mère... Mais pour remarquer l'angoisse, il faut que l'adulte la perçoive, et cela dépend donc de ses capacités. On observera certaines fois des convulsions. L'angoisse en face du visage étranger est une réaction normale plus ou moins marquée et évocatrice, mais si son absence totale peut révéler l'autisme, son excès pourra aussi bien évoquer une psychose symbiotique. On verra dans ce cas des yeux hagards, une hypertonie avec agitation des membres inférieurs, des cris stridents... Noter aussi les conduites somatiques.
L'évolution de cet état dépend beaucoup de l'entourage. La compréhension du père, les liens du couple sont ici très importants.
Au niveau des troubles du sommeil, les angoisses d'endormissement traduisent la sensibilité de l'enfant à la présence ou à l'absence de sa mère.

- Manifestations post-verbales : l'enfant vit avec un sentiment d'appréhension qui se manifeste par une vague inquiétude sur sa santé. Il y aura des épisodes d'angoisse aiguë déclenchés par des événements extérieurs (changement d'entourage, de classe, déménagement...). Plus l'enfant est jeune, et plus l'aspect psychosomatique sera important (vomissements, céphalées, mal de ventre...). Seule la présence d'un parent pourra calmer l'enfant dans ces moments de crise.

Plus tard, vers 11 ou 12 ans l'enfant extériorise son angoisse non pas en parlant mais en agissant (colère, vol, fugue, conduite addictive...). Il n'y a pas extériorisation de l'affect par la parole et devant de telles manifestations l'adulte devient anxieux, créant une spirale relationnelle angoissante. Il faut au contraire contenir l'angoisse pour calmer l'enfant, voire pratiquer une contention physique ferme et bienveillante en limitant sa destructivité. On notera aussi des manifestations hypocondriaques, fréquentes et normales chez tout jeune enfant. Plus il grandit et moins il exprimera par le corps son angoisse. S'il continue néanmoins à le faire (expression de l'angoisse à travers des symptômes de fatigue, douleurs...) cela signifie très souvent qu'il y a un contexte somatique dans la famille, comme par exemple une attitude hypocondriaque des parents, de la mère, ou un aspect culturel particulier transmis de manière privilégiée.

L'angoisse est soit une réponse (en tant que signal d'un danger), soit une donnée constitutive de l'émergence de l'individu. Tout enfant ne devient autonome que dans le conflit. Mélanie Klein envisage le conflit dès la naissance entre le désir de vivre et le désir de mourir.


Conduites phobiques

La phobie est une crainte non justifiée d'un objet ou d'une situation dont la seule confrontation est pour le sujet source d'une réaction intense d'angoisse. Il tend à utiliser alors une stratégie défensive qui peut être la conduite d'évitement, l'utilisation d'un objet contra-phobique, la technique de la fuite en avant... 
Il est parfois difficile de distinguer la peur de la phobie. Vers 8 ans apparaît la peur de la mort, avec des craintes hypocondriaques. La réponse de l'entourage jouera un rôle déterminant, amenant l'enfant à dépasser sa peur. Autrement, la phobie s'installe avec envahissement du Moi par une peur irraisonnée capable d'entraver ses possibilités d'évolution.

D'une manière générale, quand il y a eu mentalisation, la peur devient phobie. Chez l'enfant, la peur signifie l'existence d'un sentiment d'individualité.

Il y a deux types de phobies :
Phobies archaïques pré-génitales, avant 2 ou 3 ans. Ce sont les angoisses les plus fréquentes, avec peur du visage étranger, témoignant de la reconnaissance du visage de la mère et de la perception du manque, peur du noir... Il n'y a que la présence de la mère qui puisse rassurer l'enfant car il n'y a pas encore accès à la mentalisation. C'est aussitôt la détresse, sans contre-investissement, amenant néanmoins des bénéfices secondaires. Ce type de phobies se retrouve chez les personnes psychotiques;
Phobies de la période oedipienne, de 2 ou 3 ans à 6 ou 7 ans. A partir de la résolution (plus ou moins efficace) du conflit Oedipien, un travail psychique a eu lieu, avec élaboration symbolique. La nature des situations phobiques en sera plus vaste. On observera plusieurs thèmes possibles, comme les animaux (souris, loups, araignées...), les éléments naturels (éclairs, orages...), les paysages urbains (grues, portes cochères...), les personnages (barbus...), les personnages mythiques (fantômes, vampires...), les situations (le noir, le vide, la solitude, l'enfermement...), les maladies, précurseurs obsessionnels (saleté, microbes...), le scolaire... etc. On notera aussi la présence de bénéfices secondaires amenés par ces phobies.

L'évolution va en général vers une atténuation aux alentours de 7 ou 8 ans, ou même vers leur disparition complète. Parfois certaines phobies se manifestent jusqu'à l'adolescence et au delà. Quand elles se fixent on peut dire que l'entourage y est pour quelque chose, soit par une compréhension excessive du trouble de la part des parents, soit par l'adoption de leur part de phobies.

Cas du petit Hans : cet enfant a peur de sortir dans la rue de crainte d'être mordu par un cheval. L'analyse révèle qu'il s'agit d'un déplacement du père au cheval, de la crainte qu'il ressent. L'enfant a peur d'être mordu, déplacement de la peur d'être puni par le père pour avoir des désirs envers sa mère. Il a recours au déplacement symbolique qui lui apporte des bénéfices secondaires comme par exemple rester à la maison près de la mère, susciter l'attention bienveillante et protectrice du père... Ceci permet aussi de lutter efficacement contre l'angoisse, et les possibilités de maturation et d'évolution ne sont pas entravées.
Le cas du petit Hans est à la fois un exemple de névrose de l'enfant, l'exemple classique de la névrose infantile et le prototype du développement normal de l'enfant: cela souligne toute la difficulté à définir la pathologie chez l'enfant. Le terme même de "névrose infantile" reste donc très ambigu...


Conduites obsessionnelles :

L'obsession est une idée qui assiège le patient, en l'occurrence l'enfant, avec un sentiment de malaise anxieux dont il ne peut se défaire. L'enfant aura deux façons de réagir, soit par le rituel qui est une compulsion à agir contre laquelle le sujet lutte avec angoisse (c'est la "conduite agie"), soit par la mentalisation sous forme de pensée ou d'idée obsédante. Notons que l'enfant présentera plus souvent des rituels que des idées obsédantes. Les parents sont souvent eux-mêmes obsessionnels.
Le rituel. C'est un sentiment de contrainte qui est précédé d'une lutte anxieuse. L'enfant se sentira obligé de faire quelque chose en sachant que c'est idiot, inutile. On observera plus souvent le rituel, et plus rarement les idées obsédantes qui n'apparaîtront que vers 12 ans. Mais les rituels sont aussi des conduites banales qui doivent disparaître vers 7 ou 8 ans. Notons enfin qu'après la phobie l'enfant pourra se fixer sur la ritualisation pour neutraliser l'angoisse.
Les idées obsédantes. Elles sont très difficiles à repérer chez les enfants. L'obsession peut rester très secrète et les symptômes ne sont pas gênants dans la vie quotidienne. Il faut qu'il y ait rupture de l'équilibre pour que l'angoisse apparaisse et que les parents soient alertés. Néanmoins on rencontrera les pensées obsédantes plus souvent dans la pré-adolescence et à l'adolescence. Le plus souvent elles se présentent comme un sur-investissement obsessionnel de la pensée avec doute portant sur la religion, l'existentialisme... Ce sont des questions auxquelles les adultes ne peuvent répondre.
Le premier stade des conduites obsessionnelles arrive au cours de la phase anale avec l'accession à la propreté. L'attitude de l'entourage peut être source de fixation. En arrivant à la phase oedipienne certaines ritualisations peuvent servir à maîtriser l'angoisse, avec par exemple les rites de se faire border, raconter une histoire... Ce sont des conduites banales à cet âge-là. Les tics peuvent être associés à des symptômes obsessionnels. Freud pensait que la névrose obsessionnelle vient du fait que la maturité du Moi est en avance sur les besoins pulsionnels que le Moi réprouve, ce qui explique les mécanismes de contrôle, d'isolation ou d'annulation rétro-active, que l'on retrouve effectivement dans les mécanismes de défense du Moi.

La période de latence est à ce niveau une phase caractéristique puisqu'il y a une poussée du Moi alors que les besoins pulsionnels sont plus discrets. C'est l'époque des collections, des rangements, du sens de la propreté ou au contraire du fouillis, du refus de se laver. Ces traits n'entravent en rien la maturation de l'individu mais il peut y avoir néanmoins la greffe d'une fonction névrotique (sa fixation), ou l'utilisation de ces conduites obsessionnelles dans l'ultime ressource de cohérence de l'individu. Sa personnalité pourra à tout moment voler en éclats et seuls ces mécanismes de défense l'empêcheront de tomber dans la psychose.


Conduites hystériques :

Les symptômes des conduites hystériques se rencontrent rarement chez l'enfant de moins de 10 ans. Il n'y a pas jusqu'à 14 ans de prévalence de sexe. La fréquence augmente, et cette fois surtout chez la fille, à partir de 14 ou 15 ans. Chez l'adolescent, la symptomatologie hystérique est proche de celle de l'adulte.

Il convient de distinguer de l'hystérie les symptômes suivants :
La simulation. C'est par exemple quand l'enfant fausse le thermomètre pour éviter d'aller à l'école, ou quand il simule consciemment une faiblesse ou augmente une douleur pour obtenir un bénéfice immédiat et évident. Il est parfois difficile de distinguer l'hystérie car il peut aussi y avoir apport de bénéfices secondaires.
La mythomanie. Une fille par exemple pourra se plaindre d'avoir subi des sévices. C'est un phénomène transitoire qui permet à l'enfant de dire ses pulsions tout en apportant (ou demandant la confirmation de -) la négation de l'inceste.
Les manifestations de l'hystérie pourront présenter parfois des phases aiguës. On verra ainsi des crises de tétanie, des fugues, du somnambulisme, une amnésie d'identité, un dédoublement de la personnalité... Tous ces symptômes sont dits hystériques par comparaison à la symptomatologie adulte mais ils demeurent très souvent anodins en ce qui concerne l'enfant. Notons que les symptômes hystériques de conversion sont rares chez l'enfant et atteignent, quand ils existent, l'appareil locomoteur ou les appareils sensoriels (mutisme, cécité...). La personnalité hystérique infantile majorera le besoin d'être vu, d'être aimé, et amplifiera l'égocentrisme... Ce sont des comportements néanmoins habituels chez tout enfant.

Au niveau psychopathologique on pourra dire que c'est en quelque sorte l'inverse de l'obsession. Les pulsions libidinales seront trop intenses face à un Moi incapable de faire face. Le corps est alors saturé d'élans libidinaux. On remarquera souvent une attention accrue de la mère sur son enfant, et là est le principal bénéfice secondaire, sinon le seul.

Inhibition :

C'est un symptôme très courant, principalement au niveau scolaire et qui s'exprimera socialement ou mentalement.
Inhibition des conduites externes, socialisées. Cela concerne 3 types d'enfants:
Ainsi il pourra s'agir d'un enfant calme, soumis, trop sage mais qui gardera néanmoins un contact avec ses camarades dans le jeu;
Ou bien l'enfant est isolé, ne joue pas, reste chez lui où il se montre autoritaire et dominateur;
Enfin ce pourra être un enfant mutique dans et hors famille. L'inhibition touchera alors l'aspect corporel et sera souvent confondue avec la timidité. Le corps sera peu mobile, peu actif avec des mimiques pauvres et des maladresses gestuelles.
Inhibition des conduites mentalisées. Au niveau fantasmatique on notera une inhibition à rêver, à imaginer, pouvant aller jusqu'à la "niaiserie" névrotique. L'enfant joue peu, ou joue à des jeux très conformistes, recopie des dessins, les rature beaucoup. L'écriture est tremblante, les activités sont répétitives. Au niveau intellectuel on observera aussi de l'inhibition. Ce sera souvent la gène à l'école qui fera consulter les parents. Les enfants sont alors en retrait, avec une pseudo débilité névrotique. Ils paraissent limités dans leurs capacités à penser. L'enfant craint d'être interrogé et panique jusqu'à avoir un trouble scolaire. Le niveau intellectuel est correct. L'échec arrive alors souvent dans les classes secondaires.
L'inhibition est l'expression d'une limitation fonctionnelle du Moi dans le but d'éviter un conflit avec le ça. Cela permet d'éviter, au moyen d'un compromis, la confrontation avec les pulsions libidinales, vécues comme angoissantes. L'inhibition est un refoulement massif et inconscient pour protéger le Moi trop fragile.


LA NÉVROSE DE L'ENFANT

Pour qu'il y ait névrose il faut qu'il y ait un ensemble de symptômes variables se maintenant dans un cadre de développement satisfaisant. La névrose caractérisée se constitue en deux temps, avec premièrement des manifestations névrotiques variées à la période oedipienne, et deuxièmement éclosion de la névrose au cours de la puberté. Durant la latence, on observera des manifestations du caractère, de l'inhibition...


Période oedipienne (5/7 ans)

La névrose se manifeste par une symptomatologie phobique bruyante avec troubles du sommeil, difficultés alimentaires, grande instabilité, et parfois apparition de rituels. Ce qui est important c'est de savoir si le développement de ces troubles permettra le développement de la maturité, car un retour au pré-génital est toujours possible. Dans la phobie en particulier on observe une régression avec quelques traits obsessionnels.


Période de latence

On pourra trouver deux types d'organisations, présentant soit un repli pulsionnel avec inhibition intellectuelle et trouble discret du comportement, soit des conduites obsessionnelles avec symptômes obsessionnels francs et rigides. Il faudra toujours se poser la question d'une organisation psychotique sous-jacente.

La névrose se différencie de la psychose sur ces trois notions :
il y a la conscience de la morbidité des troubles,
il n'y a pas la perte du sens de la réalité,
il n'y a pas de confusion entre réalité extérieure et réalité intérieure.
Comme nous l'avons vu, chez l'enfant la névrose aura un aspect différent de chez l'adulte, et sa symptomatologie évoluera en fonction du niveau de maturation, suivra en quelque sorte le réaménagement pulsionnel à chaque stade. Pour étudier la névrose de l'enfant il faut donc prendre un abord évolutif, et non pas structurel. Attention à ne pas confondre "névrose infantile", organisatrice de la personnalité (c'est le conflit central lié au problème oedipien et structurant l'individu) et "névrose de l'enfant", qui désigne véritablement la pathologie.

L'évolution des symptômes se fera en suivant l'enfant durant un certain temps. On notera les caractères cliniques comme l'intensité, la fréquence et la persistance des troubles, et les critères dynamiques (ou son évolutivité) comme l'aptitude ou non à progresser, les anomalies du développement, les types d'angoisse traversés... Il faut bien avoir à l'esprit que la névrose de l'enfant est une affection psychogène où les symptômes sont l'expression symbolique d'un conflit psychique trouvant ses racines dans l'histoire, même récente, du sujet. Cela constitue un compromis entre le désir et sa défense.


Psychodynamique

Les troubles de la dimension temporelle sont à comprendre comme étant un refus d'en savoir quelque chose au niveau des origines. Dans le "je ne sais pas" scolaire du névrosé enfant, traduisant son inhibition intellectuelle, on peut entendre "je ne sais rien du sexe", et aussi "je ne sais rien, car j'ai tellement envie de savoir par rapport au sexe que je ne perds pas de temps à savoir autre chose". La névrose, c'est se situer dans le désir de l'autre. On a tous eu une période d'hallucination précoce. Halluciner permet d'attendre la mère. On a tous halluciné le sein, et quand on est adulte on hallucine les gens qu'on a perdus. Or, le premier objet perdu fut bien le sein.

- L'angoisse par rapport au Surmoi structure la névrose obsessionnelle.
- L'angoisse de perte de l'amour de l'objet structure l'hystérie.
- L'angoisse de castration structure la névrose phobique.
On parle parce qu'on a eu plaisir à le faire. Ce qu'il y a de fondamental dans le processus humain, c'est qu'un jour il y a eu plaisir à faire. Dans la thérapie il faudra continuellement travailler avec ce "plaisir à faire". La thérapie est finie quand les symptômes ont disparu, quand un jeu répétitif s'installe.

PATHOLOGIE ADULTE


Histoire de l'hystérie

Hippocrate a donné ce nom d'après un modèle de représentation où l'utérus, se mouvant dans le corps, stoppait par moments les transmissions nerveuses. Les crises hystériques, ressemblant à l'épilepsie, entretenaient une "aura" divine autour de leur détenteur.

Au moyen-âge, à l'époque de l'inquisition, les hystériques sont vécus comme possédés et finissent souvent brûlés.

En 1793, Philippe Pinel fait libérer les aliénés et les fait reconnaître comme individus malades. 

Vers la fin du 19ème siècle apparaissent Jean Martin Charcot, son élève Joseph Babinski et Sigmund Freud. Ils se rendent compte que la suggestion fonctionne avec l'hystérique. À "la Salpetrière", des séances d'hypnose ont prouvé l'absence des lésions organiques dans la maladie hystérique.
Joseph Babinski pensait que l'hystérique était un simulateur. Sigmund Freud croyait à la conviction du malade et travaillait donc plutôt sur l'aspect psychologique.

"Ce qu'il y avait de nouveau au temps de J. M. Charcot c'était l'extraordinaire ampleur qu'avait prise l'étude de l'hystérie, et notamment des crises motrices où l'on décrivait soigneusement 4 stades:
la période épileptoïde;
la période du clownisme;
la période des attitudes passionnelles;
et la période terminale avec souvent des hallucinations, où l'on recherchait des stigmates, où l'hypnose apportait son relent de magie.
Les élèves de Charcot et Babinski lui-même avaient construit un monument extraordinaire en s'appuyant sur des publications dont certaines nous apparaissent comme absolument déréelles, et tout cela dans une atmosphère qu'imprégnait l'hystérie, d'exaltation mélodramatique et d'érotisme latent.

Quand le maître est mort, Joseph Babinski abattit le monument et les anciens disciples brûlèrent ce qu'ils avaient adoré. Le besoin se faisait sentir d'exorciser définitivement la chose fascinante et mystificatrice.
On ne voulait plus entendre parler de l'hystérie, on en fit le "pithiatisme". Du même coup cette femelle inquiétante ramenée au masculin paraissait perdre cette aura sexuelle qu'au long des siècles et depuis Hippocrate toute la tradition médicale avait éprouvée, et que l'inquisition vers la fin du moyen-âge en brûlant tant d'hystériques avait elle aussi reconnue.

Et voici le deuxième élément qui, répandu dans le public médical puis dans le grand public, donne au terme d'hystérie tout son poids péjoratif. Les hystériques nous apparaissent depuis Joseph Babinski comme de faux malades, jouant la comédie de la maladie, et ils sont aussi ceux dont la sexualité inassouvie peut déclencher des réactions imprévisibles, ridicules, caricaturales et parfois inquiétantes dans leur exaltation. Le stade des attitudes passionnelles de la grande crise de J. M. Charcot se rencontre rarement, mais le souvenir populaire en garde une trace profonde et la charge érotique des crises névropathiques actuelles si elle n'est pas analysée par l'entourage est certainement ressentie par lui.

Si nous rejetons si brutalement ces "faux-malades" ou plutôt ces "fausses-malades" car il s'agit surtout de femmes, c'est peut-être parce qu'ils nous font perdre un temps précieux, parce que (malgré l'affirmation de Joseph Babinski que la contre-suggestion peut les guérir) nous les guérissons difficilement (ce que nous supportons mal) et enfin que dans leurs innombrables visites nous sentons cette quête affective qui nous enveloppe, nous attire à la fois et nous fait peur, suscitant des réactions de défense hostile qu'il nous faut maîtriser ou un désir de protéger dont les motifs ne sont pas purs!"

Selon J. M. Charcot

 La "névrose post traumatique": Jean Martin Charcot était parvenu à reproduire artificiellement les paralysies hystériques, prouvant ainsi le côté psychosomatique de la maladie. S'il croyait à la réalité d'un traumatisme physique dans la vie du patient, il avait découvert que le plus important était le vécu mental qui avait accompagné cet accident.

"Le fantasme inconscient s'exprime de façon corporelle dés que le sommeil narcotique s'estompe et bien avant la reprise de la conscience; Il ne s'agit donc pas de simulation, mais bien plutôt d'une expression psychosomatique", avait remarqué Charcot.
Après le choc traumatique, le malade a une tendance inconsciente à retrouver l'univers affectif de l'enfant. 
Cette maladie se retrouve beaucoup chez les émigrés qui, loin de leur famille depuis plusieurs années, ont exprimé à travers des séquelles post-traumatiques leurs besoins d'affection, de compensation. Ce dont souffre le malade, c'est de la frayeur née de l'accident et le souvenir de cette frayeur. C'est de réminiscence que souffre l'hystérique. L'énergie pulsionnelleemprunte la voie somatique, après que le refoulement ait interdit la voie de la conscience. 

L'hystérie exprime un conflit où le désir sexuel est évident. Il y a répression des instincts, assaut des pulsions... Les fantasmes sont liés aux désirs, aux réminiscences traumatiques. L'hystérie est l'expression corporelle chez des malades qui n'arrivent pas à traduire en mots. Lorsque les symptômes somatiques se révèlent inefficaces à apaiser le conflit, le malade peut faire alors l'objet d'un dédoublement de la personnalité.

Les désirs inconscients réprimés de l'hystérique sont : la sexualité, l'agression et la recherche affective infantile.
Dans l'épilepsie il y a un phénomène de perte de conscience totale, ce qui ne se retrouve pas dans l'hystérie.


Selon S. Freud

C'est un conflit dont l'origine est dans l'Oedipe.


 THÉORIE FREUDIENNE DE L'HYSTÉRIE - SCHÉMA 



Quand il y a rupture entre l'affect et la représentation, et que seule ne reste que la représentation (comme lors des phobies), on a affaire au refoulement.


Symptôme et syndrome

Un symptôme est un phénomène perceptible qui révèle un processus caché. Il peut être conçu comme la réaction de l'organisme à un agent pathogène.
Un syndrome est un ensemble de symptômes caractérisant une maladie. Un diagnostic peut être établi avec un ensemble de symptômes.

Dans l'hystérie, il y a conversion de l'affect. Le corps se met à parler. C'est de la rupture entre l'affect et la représentation que naît le refoulement.
La question fondamentale de l'hystérique est : "qui suis-je, un homme ou une femme ?"

Le symptôme naît quand il y a surgissement de l'angoisse.
L'hystérique ("être humain s'étant construit un mode prioritaire de relations à l'Autre de type hystérique") évolue avec son temps.


Hystérie féminine

Le tableau clinique est très varié. La personnalité du sujet sera néanmoins marquée par :
· la prévalence d'un type d'identification;
· un mécanisme de défense : le refoulement;
· l'affleurement du conflit œdipien dans les registres libidinaux phallique et oral.
L'hystérique actualise et met en scène sa bisexualité. Le tableau clinique sera fonction de l'espace de savoir, et du milieu socioculturel. Ainsi les symptômes hystériques établis du temps de (et devant) J. M. Charcot ne sont pas identiques aux symptômes actuels.

Rappel

L'angoisse peut s'exprimer au niveau du psychisme, telle l'angoisse de castration.
L'angoisse peut aussi s'exprimer au niveau du corps. Cela se verra dans l'hypocondrie, dans les troubles de conversion (apparaît chez l'hystérique), ou encore en psychosomatique.

La pathologie hystérique est très riche. Au niveau clinique, le motif de consultation de l'hystérique femme prend deux aspects:
1/ La défensive
C'est le premier mode adopté par l'hystérique, se faisant représenter par son symptôme. Elle laisse parler son corps. On évoque alors la "belle indifférence" de l'hystérique, symptôme qu'elle ne reconnaît pas, qui ne vient pas d'elle. La patiente laisse à son corps le soin de négocier une question inassumable. Le symptôme tient lieu de demande. C'est une question et un piège offerts au médecin, à travers par exemple des céphalées, des paralysies, des troubles fonctionnels... etc.

2/ L'offensive
C'est le second mode adopté, quand l'hystérique vient prendre à témoin un médecin de son malheur. Elle proclame de manière revendicatrice sa pathologie, à travers par exemple le droit des femmes au plaisir sexuel, ou l'incapacité des hommes... Elle peut aussi amener son mari chez le psychiatre pour une mise en accusation. On observe alors deux cas au niveau clinique chez ce mari "victime": ou bien il répond à la demande (il joue un rôle maternel, il est insomniaque... plus il en fait, plus il est frustrant), ou bien il refuse et affirme son indépendance (il est alors assimilé à un mauvais père).
L'hystérique femme est entière dans son offensive, de par ses convictions et son langage. Mais elle souffre d'une double insatisfaction:
- de par sa position phallique, elle se réfère à un Idéal du Moi masculin, et en constate la carence chez les hommes et chez son père.
- du côté du Moi idéal homosexué : la mère de l'hystérique est perçue régressivante. Cette mère Oedipienne dévalorise le modèle de féminité qu'elle aurait dû incarner pour la petite fille. Elle n'a jamais pu devenir une "vraie femme", sur le plan socioculturel et psychologique.

Personnalité de l'hystérique femme

L'hystérique femme est dominée par ses troubles des conduites sexuelles, qui peuvent aller jusqu'à l'évitement complet.

Conduite sexuelle de l'hystérique

- Évitement complet : rare.
- Hyperactivité sexuelle : souvent très insatisfaisante. La patiente peut avoir plusieurs objets d'amour en même temps, sans satisfaction. Elle collectionne les hommes impuissants, ou les violents. On note rarement d'homosexualité. La femme hystérique entre en rivalité avec les autres femmes, et son comportement est alors ambigu. C'est à travers les autres femmes que l'homme prend de l'intérêt pour elle. Elle n'a pas d'image masculine si ce n'est qu'à travers les rapports que l'homme peut avoir avec une autre femme.

Activités de remplacement (3 notions)
La femme hystérique privilégie la vie fantasmatique et onirique, très élaborée et secrète. Les scénarios sont hétéro et homosexuels, souvent exacerbés;
Le comportement avec les enfants est une séduction érotisée qui contraste avec des soins minutieux. La séduction se parle et s'agit, comme par exemple lorsqu'elle dresse une liste de "mecs" pour sa fille. Elle reconnaît une sexualité aux enfants mais contrôle tout de leur vie, que ce soit à travers l'hygiène, la scolarité, la santé ou les fréquentations. Elle crée un prototype parfait de l'enfant. C'est une "mise en scène";
Les conduites alimentaires sont très développées, avec alternance de boulimie et d'anorexie. C'est une alimentation anarchique. Cela peut aller jusqu'à l'hystérie orale (zone érogène privilégiée).

Comportements de représentation

On note une grande érotisation des relations, avec un comportement séducteur, aguicheur, et des avances qu'elle repousse avec dédain.
Son comportement peut aller jusqu'à entraîner le viol.
Désir de plaire, avec identification aux personnes qu'elle croit intéresser. Ce désir est fonction de ce qui est considéré comme une norme. La femme hystérique possède unschéma corporel étendu et pris à l'Autre;
Théâtralisation et dramatisation. L'hystérique femme est en permanence sur scène. Elle est au mieux lorsqu'elle sent un public adapté et c'est à ce moment qu'apparaissent ses crises, ses malaises. Elle dramatise les évènements insignifiants;
Projections fantasmatiques. Elle attribue à l'Autre ce qu'elle désire fantasmatiquement. Projection, théâtralisme et dramatisation aboutissent à la...
... Mythomanie. Ayant aperçu par exemple un acteur connu, elle racontera avoir passé son enfance avec lui.

Hystérie féminine de conversion

Troubles paroxystiques

C'est l'exhibition devant un public choisi, avec des fantasmes ou des attitudes évoquant le coït. On distingue plusieurs formes:
Grande crise de Charcot, avec striction thoracique, boule dans la gorge. On note des phases pseudo-conviviales et la phase de récupération avec gesticulation intense et désordonnée;
Crises convulsives, crises de nerfs, de tétanie...
Crises inhibitoires, avec syncopes fréquentes et, plus rarement, des accès cataleptiques ou léthargiques.

Symptômes psychiques

Ils sont très fréquents dans les formes hystériques modernes. On note ainsi:

· Les troubles de la mémoire : difficulté à évoquer le passé, avec des lacunes fréquentes. Des souvenirs surviennent à une autre place, ou sont mis en doute. Il y a une trace signifiante, un refoulement puis une récupération secondaire. Difficulté à prendre le statut d'adulte qui arrive, à prendre la place de la mère. La séparation d'avec le milieu familial est difficile. Difficultés à apprendre: on note à ce niveau des troubles dans l'évocation des faits récents, avec trous de mémoire, difficultés scolaires et universitaires... Hallucinose: c'est quelque chose ou un visage qui apparaît à l'endormissement, et qui fait souffrir (par exemple de grosses têtes grimaçantes). Les sommeils ne sont pas reposants, avec cauchemars stéréotypés, personnage menaçant qui la poursuit, chute dans un trou.

· La dépression : elle se présente sous la forme d'un dégoût de la vie et de l'activité. Asthénie. L'hystérique femme mentalise mal sa dépression. Elle vieillit mal. Il y a une impossibilité de plaire au niveau psychique, un sentiment d'abandon, de non-valeur, conduisant à la tentative de suicide.

· La tentative de suicide (ou TS) : On notera un signe particulier, l'hystérique ayant un comportement d'appel inconscient qui amènera quelqu'un à lui éviter cette TS. Elle choisit plus fréquemment la TS médicamenteuse, avec grande valeur relationnelle, appel et chantage.

Fonctions végétatives et de relation

On note une "belle indifférence" à l'égard des symptômes, même quand ils sont exhibés.
Inhibitions sensitivomotrices, devenues rares actuellement. La topographie suit le schéma du corps. Astasie, abasie (incapacité à marcher, à rester debout). Contractures, spasmes... avec torticolis, tremblements... qui disparaissent sous anxiolytiques;
Inhibitions sensorielles, avec cécité, surdité, troubles de l'équilibre, hypo et hyper acousie, anosurie, dysosurie...
Manifestations viscérales, et fréquemment fonctionnelles, avec grossesses nerveuses, pertes de sang, déni d'une grossesse réelle (qui cesse quand la future mère réalise vers le 4ème mois que la grossesse se développe dans les organes génitaux et non dans le tractus digestif), brûlures d'estomac, vomissements... Certaines hystériques ne vivent bien que lorsqu'elles sont enceintes, s'accaparant alors une identité féminine;
Insomnies, céphalées... Ce sont ici les formes modernes de l'hystérie.

Hystérie masculine

Diagnostic plus rare mais la structure est fréquente.

Clinique

On note 4 motifs de consultation.

1/ Manifestations anxiophobiques.

2/ Troubles de la sexualité.
- Impuissance : phénomène le plus souvent observé chez l'hystérique homme, avec grande difficulté de passage à l'acte. La confrontation avec la femme, vécue en termes de castration, interdit le passage à l'acte. Il y a renoncement devant l'idéal de vérité qu'il se sent devoir égaler. L'identité sexuelle n'est pas acquise. Le patient vit un problème de "normalité" par rapport au sexe.
- Masturbation : dissimulée et à thèmes lesbiens. Sensation de culpabilité très riche sur le plan fantasmatique. Trouble de la personnalité, masturbation devant la glace.
- Doute sur l'identité sexuée : "ne serais-je pas homosexuel ?"

3/ Syndrome d'échec...
... et ses compensations, une fois le patient confronté à l'indépendance.
- L'hystérique homme va prendre le médecin à témoin de son malheur. La réussite professionnelle est bien supportée mais quand elle est acquise, le patient risque de faire une décompensation anxieuse ou dépressive. Il pourra aussi y avoir une intolérance à la réussite. On observera parfois l'emploi de toxiques mineurs (amphétamines, barbituriques, alcool) pour l'aider à assumer le rôle d'homme, pour donner le change.

4/ Crises de nerf, malaises.
- L'homme montre à un entourage choisi qu'il n'est pas comme un homme.

Personnalité hystérique masculine

conduites sexuelles

On observe l'éviction parfois totale des rapports sexuels, avec prétextes moraux. La femme est interdite, car "trop bien" ou "pas assez". Il y a une rationalisation qui permet de ne pas se confronter au sexe opposé. Il y a aussi l'impuissance partielle ou totale, le donjuanisme réel (rare) et les récits donjuanesques (fréquents, que ce soit par rapport au passé ou dans l'avenir).

Attitudes de remplacement

- Masturbation
- Quête de virilité
- Quête homosexuelle non agie
- Quête d'amitié masculine dont le choix porte sur un homme qui a ce qu'il n'a pas, quelque chose de plus dont il croit manquer.

Comportement social

Séduction forcée. Quitte à en souffrir, l'hystérique homme fera le pitre pour être accepté.


Hystérie masculine de conversion

Troubles paroxystiques

Avec agitation, pleurs, hurlements, crises de nerf...

Manifestations psychiques

Avec observation de
- Dépressions,  TS.
- Alternance exaltation/morosité.
- Toxicomanies mineures.

Manifestations génitales

- Névrose hystérique derrière un certain nombre de névroses traumatiques.
- Symptomatologie hystérique dans les suites d'une intervention chirurgicale vécue comme coït sadique.


Grands éléments de diagnostic (homme et femme)

L'hystérique passe son temps à donner le change, au somaticien comme au psychiatre. Il y aura ainsi des signes empruntés au somatique (paralysies, troubles viscéraux...) et d'autres empruntés à la lignée psychiatrique (dépersonnalisation, hallucinose...).

Diagnostic positif

Il va se faire sur le jeu de l'attraction et de la répulsion. Le patient hystérique ne se comportera pas en malade ("je n'ai pas demandé à vous voir"), ou alors se comportera en malade pour mieux "castrer" le médecin (le patient invite le médecin à déployer sa puissance pour lui en montrer l'inefficacité). Il y a incompatibilité entre ses deux espoirs, être aimé et être entendu.

Diagnostic différentiel (avec les autres névroses ou les psychoses par exemple)

- avec les névroses phobiques, et les névroses obsessionnelles, il s'agira d'apprécier les composantes de la personnalité;
- avec l'anorexie mentale;
- avec les pervers. Chez l'hystérique il existe toujours une angoisse et une culpabilité faciles à constater;
- avec les psychoses de l'adulte. Des psychotiques peuvent avoir des manifestations pseudo-hystériques (théâtralisme, conversion...) mais on note la différence dans leur angoisse psychotique, dans l'activité délirante, ou encore dans la bizarrerie. A contrario, certains hystériques auront des élans pseudo-psychotiques (dépersonnalisation, hallucinose, mythomanie...). Il faudra faire attention à la qualité de la relation, évocatrice de la névrose hystérique. On observera ainsi chez l'hystérique des différences de comportement suivant que le soignant est un homme ou une femme... Le diagnostic sera plus précis suivant l'évolution et les contacts ultérieurs. Le patient hystérique a une capacité à nous séduire pour mieux nous castrer. Le patient psychotique n'a pas de distinction aussi prononcée entre son corps et le monde.


Évolution

Tous les hystériques évoluent au contact du milieu médical. On observe alors:
- Disparition des symptômes (très révélateur de l'hystérie);
- Confinement de l'existence. Les patients hystériques finissent par ne plus sortir de chez eux.;
- Sublimation dans les métiers d'infirmiers, dans le service social. C'est le "dévouement" de l'hystérique;
- Refoulement. Mécanisme de défense dans une hyper-consommation médicale. C'est un langage par le corps et non un langage du corps.


Psychodynamique

La névrose obsessionnelle utilise le déplacement et l'isolation, tandis que l'hystérie utilise le refoulement.

Le refoulement

Avant d'être un moyen de défense, c'est un mode de fonctionnement structural du psychisme. Le refoulement articule l'ordre primaire de l'inconscient au système secondaireConscient/Préconscient.

La théorie freudienne distingue 3 dynamismes.


 LE REFOULEMENT CHEZ L'HYSTÉRIQUE - SCHÉMA 
Refoulement originaire
Sur les représentations de la pulsion. Il est constitutif de l'inconscient.
Refoulement proprement dit
C'est l'attraction par le refoulé originaire, et la répulsion par les instances de censure.
Retour du refoulé
Symptôme, rêve...
Syndrome de conversion
Dans l'hystérie on a une intensité particulière des retours du refoulé, et notamment dans les syndromes de conversion.



L'hystérie n'est pas langage du corps mais langage par le corps. Un message est "gelé" dans ce corps. A singer l'hyper féminité, l'hystérique femme montre qu'elle ne l'est pas tant. Elle ne montre pas son corps femme mais les questions qui utilisent son corps comme langage. Ce corps ne peut pas être utilisé pour le désir et le plaisir. L'hystérique femme se défend d'avoir un corps désirable, pénétrable. Elle en fait un mode d'expression, et non-pas le lieu de désir ou de jouissance de l'Autre.


La castration

C'est autour d'elle que s'articule la problématique hystérique. La castration est un des fantasmes originaires, une structure fantasmatique inconsciente.
- Au départ : garçon et fille sont l'Objet de l'amour narcissique de la mère, occupant la place du phallus.
- Abord de l'Oedipe : le garçon découvre son insuffisance à son ambition. La fille découvre son manque réel à la prétention phallique. Ce manque se re-traduit en terme de stratégie du désir.
- Entre garçon et fille : le garçon doit assumer le deuil symbolique du père "phallophore", du père "désirant" dont le désir est l'objet du désir de la mère. La fille doit accepter le fait que le manque en la mère est l'objet du désir du père, et que la mère, désirant le désir du père, trouve en lui ce qu'elle n'a pas totalement.
- Le garçon : il n'est pas sans savoir, et doit assumer le deuil symbolique du phallus pour accepter son pénis tel qu'il est.
- La fille : elle ne manque en fait de rien, et assumera la perte du phallus dans la mère en découvrant qu'elle a en elle ce quelque-chose qui, n'étant rien, sera le lieu du désir de l'autre.
L'hystérique ne peut suivre cette dialectique, et reste prisonnier de la quête phallique et de la bisexualité originaire.

L'homosexualité

Il y a un grand investissement libidinal homosexuel chez l'hystérique, avec des fantasmes lesbiens accompagnant la masturbation de l'hystérique homme. C'est ici une mise en scène de l'homosexualité sans phallus. Questionnement sur la nature du sexe de la femme. La femme, c'est l'Autre, celle à égaler à condition de savoir ce que l'homme peut bien y désirer.
L'hystérique, dans son narcissisme phallique reste tributaire des mécanismes d'identification imaginaire pour aborder la question de la différence des sexes: identification à l'homme, participant à son désir pour chercher la femme en son mystère.
L'hystérique est malade de sa bisexualité et reste perplexe entre ses identifications masculine et féminine.

Le narcissisme

Bien que les hystériques subissent des dépressions névrotiques et que le vécu dépressif soit toujours près à apparaître, la problématique est d'abord celle de la castration, et ensuite celle de la souffrance narcissique (le narcissisme est l'investissement libidinal de l'image du corps). L'hystérique est très dépendant de ses Objets, et se déprime devant toute déception relationnelle. Ses Objets sont des compléments phalliques (petit ami ou petite amie "dans le vent"). Remarquons l'incapacité pour l'hystérique de mentaliser son agressivité sadique orale, en liaison avec les aspects prégénitaux de sa fixation libidinale.


Traitement

- La psychanalyse ne peut pas être proposée systématiquement. Cependant le patient hystérique est capable de transfert sur le thérapeute pour rejouer toute sa problématique infantile.
- Il faut entendre le symptôme comme une demande.
- Ne pas se laisser prendre au piège de la demande, symptôme du désir de l'hystérique d'avoir un désir insatisfait.
- L'hystérique doit pouvoir en retirer un bénéfice secondaire, sinon il partira.
- Les médicaments sont inopérants, sauf l'effet placebo pour les états de crise. Dans les phases aiguës, lors de décompensation anxieuse ou dépressive, les antidépresseurs vont corriger les troubles biologiques.
- Il faut remodeler le réinvestissement narcissique, faire des psychothérapies à rythme lent, sans interprétation et non-directives, pour passer le cap. Ne pas tomber dans la problématique de son corps, lors par exemple d'examens cliniques.
- Risque de rejet de la part du personnel soignant car il revit des choses homosexuelles.


- Attention : l'hystérique parvient parfois, à force d'obstination, à se faire opérer, ligaturer les trompes par exemple. C'est inconsciemment l'assurance de n'avoir jamais d'enfant du père. La patiente hystérique se punit de quelque chose qu'elle n'a pas fait. Seul le désir est coupable.